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d’apparaître à vos yeux railleurs sous le costume de Werther, en culotte de nankin, avec l’habit bleu barbeau à boutons d’or, la cravache en main, les cheveux largement bouclés sur le front, l’air fatal, l’œil en extase et humide, ainsi qu’il convient à tout héros correct des années qui précédèrent le romantisme.

Au sortir de la Révolution et de l’Empire, l’esprit français semble anémié, maladif, en proie à un vague délire de persécution ; le pays paraît se traîner en langueur dans sa mièvre convalescence ; l’âme obéit aux plus noires suggestions ; on croirait que le malheur, la désespérance, la fatalité planent partout, La sombre névrose torture bien des cerveaux. La littérature n’exprime plus que des rêveries décevantes, des fictions d’un sentimentalisme morbide ; les héros sont exsangues, pâles,. affadis, traînant une vie marquée au sceau de l’anankè ; ils montrent une âme ardente et brisée, un cœur pur et desséché par un platonisme voulu. Tout est aride et infécond dans la plupart des romans de genre où le monstrueux côtoie la niaiserie et l’inouïsme. Sous le ciel gris d’un idéal fait de sensiblerie, il bruine une tristesse pénétrante, un froid brouillard d’amour mystique qui donne la Mal’aria. — On lit René, Atala ; on se passionne encore pour la Chaumière indienne, on cite Paul et Virginie en attendant qn’Oberman vienne symboliser cette époque de