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jeu et les spectacles étaient à mes yeux les seuls passe-temps, les jolies femmes du Directoire ont plus allumé de désirs et de passion en moi qu’elles n’y ont éteint de sentiments virils et nobles. Je dirai plus, elles ne m’ont point blasé sur les femmes de l’Empire, et m’ont laissé d’assez jolies flammes bleues et mourantes pour lécher et allécher les pauvres petits cœurs affadis, incompris, bercés dans le vague des passions accablantes sous la Restauration.

Aujourd’hui, mon jeune ami, écrivait avec une pointe de tristesse, en terminant, le vieux marquis de Brillancourt, je me sens un effacé de la vie ; je me suis mis en règle avec ma conscience et mon passeport est signé pour l’éternité. La société moderne me semble odieuse et grise, vue de mes yeux affaiblis ; je reste dans l’antichambre de mes souvenirs comme un voyageur sur le départ, après avoir fait fermer tous les volets et rideaux de sa maison ; j’attends presque impatiemment qu’on vienne me prendre et m’emporter au loin.

Au lieu de vous semer ici quelques impressions fugitives sur un temps où j’ai laissé mon premier duvet de fraîcheur, j’eusse peut-être mieux agi soit en vous narrant mes plus hardies fredaines avec des grisettes disparues à jamais, soit en vous contant les belles passions romanesques, où j’eus à jouer les premiers grands rôles ; mais j’estime qu’il appartient au- barbon de taire les folies du jeune homme, et il