en ses entours, il prépare l’amour songeur, attristé, rêveur, rêvassier même, des siècles modernes, et quelques-uns du Directoire se mettent à voir dans l’amour une chose que le bon vieux temps n’avait guère entrevue dans ses amours : une occupation des idées, l’imagination des plus positifs, la poésie des hommes de prose. »
La littérature entière se ressentit de cet état moral et l’Almanach des Muses prit des allures sentimentales qu’on ne lui avait pas encore vues depuis sa fondation ; les noirs romans traduits de l’anglais, où le crime s’associait aux horreurs mystérieuses, les contes mélodramatiques qui présentaient l’innocence aux prises avec la tyrannie, les poésies florianesques apparurent ; la prose devint déclamatoire, le style épistolaire ainsi que les lettres d’amour suivirent ce singulier mouvement mélancolico-galant. Le xviiie siècle était déjà mort, sinon enterré ; ce n’étaient plus les mêmes conventions, le même bon ton, le même goût artificiel, le même langage contourné et d’essence toute spirituelle ; le papillotage s’était envolé, le joli ne résumait plus une même impression de coquetterie et une source de tendresse avait jailli subitement des cœurs, source désaltérante qui faisait naître l’espoir et calmait les désenchantements et l’insipide ennui de vivre.
Tout se renouvellait au giron de la nature, non pas d’une nature mythologique, munie de grottes