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bords du Rhin, de la Sambre et de la Meuse une armée se formait, plus brave que celle d’Alexandre, qui tenait hautement le drapeau du premier peuple du monde. Le siècle allait à son déclin et la transition des idées était aussi lisible que la transition du costume ; une Renaissance épicurienne florissait ; la Révolution avait détruit une société affinée jusqu’à la plus délicate corruption ; un pays nouveau se montrait, un pays d’Athéniens spirituels à qui l’austérité Spartiate n’avait guère convenu. L’amour même, ou plutôt l’idéal amoureux subissait l’influence de ce changement social et s’était transformé. Une sorte de naturalisme, qui ne l’a pas quitté depuis, s’était introduit dans le sentiment. Les œuvres de Rousseau, lues avec passion sous la Révolution, la Julie, les Rêveries dun promeneur solitaire, les Confessions, avaient métamorphosé les idées ; on commençait à regarder la nature, les jardins, les vallons, les montagnes, s’étonnant d’ouvrir les yeux si tard, n’admettant plus d’autres décors pour l’amour ; Bernardin de Saint-Pierre, avec Paul et Virginie, Delille avec ses poèmes les Jardins et l’Homme des champs achevèrent cette transformation. Les fleurs furent recherchées ; les femmes ne paraissaient plus au bal ou dans un salon sans porter à la ceinture un large bouquet qui arrivait l’hiver de Nice, ou de Gênes par le courrier de la poste. L’odeur des fleurs était partout, on recherchait leur parfum à l’exclu-