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le blanc sied à toutes les femmes : leur gorge est nue, leurs bras sont nus. Les hommes sont trop négligés ; ils dansent d’un air froid, triste et morose ; on dirait qu’ils rêvent à la politique ou à l’agio, » Les bals foisonnaient, et cependant je vois encore les murs de Paris se couvrir partout d’affiches nouvelles annonçant des créations de salons dan- sants. Quel engouement ! — Le plaisir trônait sous les bosquets d’Amathonte, au milieu des orchestres déchaînés, parmi les lumières multicolores, les flammes de bengale et les feux d’artifice. Nous parcourions dix temples de la joie en une seule soirée, nous, les bruyants de la Jeunesse dorée ; on allait par bandes hurlantes agiter les grelots de la folie sur les pelouses de Monceaux, au Jardin de Virginie, au Bal de Luquet, rue Etienne, à la Société de Florence, à Tivoli, à l’Elysée, et partout nous apportions nos fantaisies chiffonnantes, nos provocations, nos rires endiablés dans ces fêtes où les ifs de lumières luttaient contre les orgies pyrotechniques de Ruggieri ou de Mma Lavarinière, au bruit des cuivres de Gébauer ou des violons de Hullin !

Est-ce l’illusion de l’âge ? mais jamais je ne vis ni ne sentis les femmes plus charmantes, plus transparentes, plus langoureuses, plus abandonnées ; il n’est vignettes de mode, estampe de Debucourt ou de Carie Vernet, qui puissent vous donner la plus frêle conception de ce que furent ces Inconcevables !