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utile marchepied, mais il n’aimait guère donner à bail son cœur en gage à ses friponnes maîtresses, ayant la fatuité de se complaire à passer la main dès qu’il sentait la place sûrement conquise et occupée. « Qui n’a mangé que d’un pain ne connaît le goût que d’un pétrin », disait-il souvent avec son esprit rabelaisien, et aussi tâtait-il à bien des pétrins sans y laisser sa main blanche et sans souci des maris mi- trons qui veillaient mal au grain de la communauté conjugale.

« Séchelles n’affectait pas, du reste, une grande délicatesse en amour ; il s’égarait un peu partout, et s’il faut en croire à la lettre les confidences d’J//y- rine, de la très piquante Morancy, qui écrivit YÊcueil de l’inexpérience, le galant député colportait gaillar- dement son tempérament de faune chez les beautés faciles et les Chérubins de Vénus. La Morancy Jut une des plus longues étapes de sa vie amoureuse. Il la connut, la quitta, la reprit à sa fantaisie, comme un jouet docile et amusant, selon ses haltes à Paris, au milieu de ses voyages, au cours desquels il retra- çait à la Convention la marche des armées, les évé- nements extraordinaires et les formidables besoins d’hommes et d’argent nécessités par une guerre qui commençait à incendier le monde.

« La petite Illyrine n’eut point barre sur ce cher amant, autant qu’elle le voulut insinuer dans ses inqualifiables mémoires de gourgandine, et je dois