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C’est ce que j’appelle des mœurs sociales…, des mœurs douces. »

La Caillette prêchoit d’exemple et de paroles ces doctrines de liberté, elle affectoit vis-à-vis de son mari, dans les rencontres, une froideur polie, une fa- miliarité froide, un désintéressement absolu de sa vie de plaisir ; parfois elle se mettoit en humeur d’être la confidente de ses amours, et tous deux, en veine de galanterie, oubliant leur contrat, rioient, se con- seilloient, se faisoient des gorges chaudes des plus intimes détails d’alcôve. Cette vie n’étoit-èlle pas le rêve pour ces sceptiques raffinés : joindre aux liens du mariage la douceur du célibat ; se dire philo- sophiquement que moins l’on se voit, plus on se retrouve, plus on s’éloigne des dissensions où conduit nécessairement la fatigue d’être toujours ensemble. — Puis est-il deux moyens de jouer le rôle difficile de mari trompé. « Un mari, écrivoit Besenval avec beaucoup de justesse, prétend-il in- terdire l’entrée de sa femme, il l’oblige à chercher son amant dans ces lieux publics, à donner des ren- dez-vous clandestins. Le premier moyen fait spec- tacle, le second se découvre et tous les deux éterni- sent le propos. Si, plus fâcheux encore, il poursuit sa femme dans ses ressources et les lui ravit, c’est le moyen d’amener des éclats, ou tout au moins de l’humeur et de la mésintelligence, qui lui font un enfer de sa maison ; et bien souvent encore le fruit