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devant son miroir, laissant tomber de ses lèvres dé- daigneuses et ironiques un mot expressif qui se tra- duisoit le plus souvent par : le pédant ! — ou le Po- lisson. .. Un joli faquin pour en conter aux femmes !

Puis survenoient de plus graves orages d’impa- tience au milieu des pompons, des colifichets, des plumes, des rubans, la Caillette gourmoit ses ser- vantes : Voyons !… Qu’est-ce ? Finissez !… Ah ! la sotte !.„ Encore cela ? Ce ne sera donc jamais fait ?… La belle invention que d’être femme !… Perdre la moitié du jour à ajuster ce qu’on défait le soir ! quel abus ! Dieux ! mes paniers…, j’oubliois ! Le supplice affreux ! — Et plus doucement, avec un soupir de résignation : — Que cela nous coûte, Che- valier, d’être belle !

— Moins qu’à nous, hélas ! ripostoit galamment le Chevalier.

Ainsi se passoit ce grand petit-lever au milieu d’importants à la mode, et, tandis que Madame cail- letoit dans son appartement, le pacifique mari, — lorsqu’il y en avoit un, — demeuroit dans le sien à presser ses fermiers, à congédier les créanciers, souvent à emprunter à usure, à intriguer de mille manières pour subvenir au faste de la maison. — Qu’étoit-ce au reste que cet époux, sinon un traitant, un camarade, un prête-nom qui réalisoit le triomphe de la séparation dans l’union, un indifférent aimable et complaisant, susceptible de dire à sa femme, sur-