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avec une moue d’une maussaderie adorable…, allons, entrez en lice, et surtout ne foiblissez point…, le mal est contagieux et opiniâtre. — Et la charmante bâilloit délicieusement, faisant un geste excédé, se préparant par genre à subir le fatras le plus sopori- fique… — Par ou commencer ai-je ? questionnoit l’abbé cherchant au hazard des brochures, voudriez- vous des nouvelles du jour ? — Mais, point, abbé maudit ! n9 ai-je point les gazettes… — Un conte libre alors, soupiroit le prestolet chérubin…, un conte chi- nois, mogol, tartare,persan, turc, grec, il en est pour toutes les humeurs ? — Eh ! ne nous rompez plus la tête, allez, l’abbé, allez ; ces misères conduisent toutes à l’empiré de Morphée, cherchez /’allégorie du siècle dans une de ces bagatelles et trouvez-nous un Dessous de carte, voyez surtout si Fauteur fait l’agréable et connoît pertinemment le goût du jour.

L’abbé lisoit, dans le bruit des conversations heurtées, entre-croisées, en dépit des arrivants qui donnoient le baise-main, parmi les ordres criés aux filles de chambre ; mais au vol, l’un des assistants sai- sissoit un mot, une phrase, une pensée, et tout aus- sitôt de rire ou de s’exclamer, d’en discuter les termes et le brillant de style. L’amour étoit le thème favori pour la paraphrase, et comme les écrivains ou écrivassierjs du xviii0 siècle ne se gênoient guère pour dauber la femme, la railler, en médire ou la traiter sans façons, la coquette se rebiffoit soudain