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fiche de la Comédie, acheter des bouquets, s’infor- mer comment le petit chien du Duc a passé là nuit, quand la Présidente *** ira en campagne, quand la marchande de modes apportera des rubans d’un nouveau goût, quand la coëffeuse pourra venir, quand le vis-à-vis sera peint, etc. C’est enfin dans un cabinet de toilette où un abbé de fondation ra- conte des historiettes galantes, fait le petit bouffon, s’unit au médecin pour complimenter Madame sur son magnifique teint, sa brillante santé, la collection de ses grâces, l’enjouement de son esprit, et pour faire la critique de la brochure courante, car une toilette seroit ignoble sans des brochures. »

« Il y a différentes sortes de toilettes, poursuit le très disert fantaisiste. Celles de cérémonie se font toujours en grondant, celles de voyage en fre- donnant, celles de négligé en s’évanouissant, celles de galanterie en se pâmant, celles de dévotion en tempêtant, celles de campagne en lisant. C’est l’art du grand monde que celui de se modifier selon les lieux et les circonstances, et de savoir les moments où l’on doit rire et où l’on doit se fâcher, où l’on doit froncer le sourcil et clignoter des yeux. Il faut encore qu’une femme du bel air connoisse l’optique afin de prévoir pendant sa toilette l’impression que les couleurs de son visage pourront faire sur un jeune homme de yingt ans à certaine distance. On s’imagine que les dames ne pensent à rien et que