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torts. On voyoit l’eau de la reine de Hongrie, l’eau de fraises ou de myrte, d’œillet ou de jasmin, les essences d’ambre, de bergamote, de] néroli, de roses, de lavande, de fenouil, les esprits de cerise, de cochlearia, de romarin, les huiles d’amandes, de lys, de noisette, de pavot, de storax ou de tartre ; les vinaigres rosat, de Vénus, des quatre voleurs ; les pommades de mille-fleurs, à la violette, à la jon- quille, à la tubéreuse, au cédrat, à la frangipane ; les savonnettes de Bologne, la cire épilatoire, les bandeaux gras pour les rides du front, les gants garnis, les rouges d’Espagne, de Portugal, de Nîmes, les carmins et les nacarats, les cure-dents à la car- meline et les pastilles odoriférantes à brûler et pour la bouche.

Cette première toilette étoit une résurrection ; on y maquignonnoit un tendron sous toutes ses faces ; on le bouchonnoit, l’épiloit, le ponçoit, le lus- troit à merveille. Les yeux morts s’y réveilloient, y prenoient du piquant, du lustre, grâce aux artifices des noirs ou des poudres, et grâce aussi aux mou- ches de velours, de satin ou de taffetas ; les dents même y prenoient naissance, les lèvres s’avivoient, on eût dit que l’amour y guettoit le baiser ; l’haleine du matin, neutralisée par le cachou, exhaloit des odeurs fines et attirantes, les fronts se déridoient ; les peaux, tout à l’heure fades et jaunes, apparois- soient semblables au lys et aux roses ; sous les