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de la Ligue et qu’employèrent tour à tour, avec tant d’à propos , d’Aubigné, Montesquieu, Voltaire, Diderot et Rousseau ! — La Caillette ! c’est mieux ici qu’un terme heureux, car ce mot résume dans sa plus haute et sa plus mignonne expression le type gracieux, évaporé et fripon de la femme du xviiie siècle.

Ne retrouvons-nous point encore partout dans l’histoire anecdotique de nos mœurs, du salon au boudoir, de la ruelle au couvent, la Caillette et son gentil caquetage ; ce babil sans consistance, ponctué de soupirs sans conviction, cette incohérence perlée du discours, ce ramage rieur et heurté qui fit vibrer la physionomie mutine de ces exquises créatures, dont nous adorons aujourd’hui l’image dans ces peintures aux encadrements rococo ou dans ces délicats pastels affadis qui se reflétoient jadis dans des trumeaux tout brillants de clarté ?

La Caillette, ce fut cette Poupée ensorcelante et minaudiére, que M. de Bibiena nous présenta si ingénieusement dans un joli conte allégorique ; ce fut aussi le modèle de cette bergère en pâte tendre, qui sourit, toujours victorieuse, sous les blancheurs rosées du vieux Saxe. Ce fut enfin la femme idéalement usagée, tout aussi bien la petite-maîtresse à vapeurs que Faîtière et fraîche dévote reposée, ce fut la Françoise dans la grâce de ses charmes et les charmes de sa grâce la plus délicieusement anémiée,