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Son Altesse La Femme

toi qui n’as pas craint de plonger ton couteau d’ivoire dans la virginité de ces marges, que tant d’autres laisseront intactes ; à toi qui m’as accompagné jusqu’ici, au delà des vignettes, dans mes caprices ou mes boutades, et qui conçois de plus copieux plaisirs que celui de laisser errer ton œil dans l’agrément des gravures…, à toi, camarade des anciens jours, qui liras cette préface, je ferai confession de la prescience qui me possède à l'égard de ce volume.

— Entrons ensemble dans une de ces librairies à la mode ou l’amateur éclairé, le bibliophile flâneur, aussi bien que le boursier du livre, viennent chaque jour inventorier les nouveautés de la veille, s’informer des ouvrages du lendemain et médire un peu des éditeurs en vogue, avec cette mutinerie boudeuse que manifeste une coquette vis-à-vis de ses fournisseurs. Demeurons un instant dans l’ombre, regardons, écoutons :

— Un jeune bibliomane, monocle à l’œil, vient de saisir dans ses mains gantées ce présent volume que lui a signalé le libraire ; il le feuillette avec une nonchalance très comme il faut, et, après avoir prononcé d’une voix excédée : — Ah ! ah ! voici cette fameuse Altesse la Femme dont on m'avait parlé !… il sourit à la couverture et déclare la trouver « pas trop mal en vérité », il approuve le titre et son heureuse disposition ; les gravures des en-têtes de chapitre le séduisent ; elles ne manquent, à son avis,