Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

table nature de l’homme que les plus voluptueuses, car l’amour est aussi peu de la spéculation de l’en- tendement que de la brutalité de l’appétit. Si vous voulez sçavoir en quoy les Précieuses font consister leur plus grand mesrite, dit en concluant l’auteur de la Vertu trop rigide, je vous diray que c’est à aymer tendrement leurs amans sans jouissance et à jouir solidement de leurs maris avec aversion, »

Pour le mariage des Précieuses, nous avons l’opi- nion de Saumaize : « Dans tous les empires, dit-il, et parmy tous les peuples, il y a de certaines façons de s’allier les uns aux autres et d’entretenir l’amitié chez soy ; et comme celuy des précieuses est fort en vogue, il n’est pas hors de sujet de monstrer com- ment elles s’unissent et ce qui les a rendues puis- santes ; c’est ce que l’on ne peut mieux faire qu’en expliquant de quelles façons on se marie chez elles et de quelles sortes d’alliances elles font plus d’estat. Comme tous les habitants de cet empire sont fort spirituels, aussi leurs alliances sont-elles fort déta- chées de la matière et fort spirituelles. Parmy le commun des hommes, on se prend par les yeux ; mais icy ce n’est que par les oreilles ; ailleurs on souspire, icy on escrit, et les langueurs et les transports qui servent aux amants d/interprestes ne sont autres icy que les vers et les billets, et l’on n’y languit jamais que sur le papier. Leur coustume générale est de s’unir seulement d’esprit, non de corps, et, quand