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Préface

je te brave, semblable à ces philosophes qui ne se soucient point de la fidélité de leur maîtresse et pensent que la confiance protège mieux la féauté que l’incertitude ou la jalousie ne la conservent. — Je ne viens donc pas, en bonne foi, dans une humble préface, classique auteur à genoux pour te demander grâce… ; je ne réclame ni indulgence ni pardon, ni cette ridicule bienveillance qui est l’extrême onction morale que tu distribues aux faibles qui t’encensent. Il plaît à ma sincérité de te provoquer, de donner des coups d’épée dans le vide de ta raison sociale : Sottise et Cie, de faire feu, sinon balle dans ton esprit de corps immatériel, de fouetter l’air où flottent tes fantasmagoriques outrecuidances, et de me rebeller enfin contre ta puissance, faux Dieu qui éclipse le Veau d’or ! — invisible moteur de la roue de la Fortune !

Devant cet ouvrage, arrête-toi ou passe ; examine, regarde, considère, discute, critique, énonce des niaiseries sonores ou des pensées judicieuses, sois laudatif ou satirique, montre-toi sympathique ou hargneux, enthousiaste ou dénigrant, peu importe à mon indifférence et à mon mépris des suffrages généraux ! — Maître de mon imagination et de mes volontés, je sens mieux que personne les imperfections de ce volume. — Aussi, à toi, rare lecteur, qui as voulu posséder ce livre, non pas en bibliotaphe ou en bibliolathe, par la seule pensée de sa rareté future, dans un but de mesquine vanité ou de sourde spéculation, à