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sorte d’affabilité, une rondeur particulière, une certaine poincte de délicatesse qui manque parfois aux natures vulgaires et fortes. On lui donna une adventure amoureuse avec un gros chef de party qui eust joué un rosle considérable dans la Respublique. si la mort ne l’avoit fauché sur les marches du pouvoir, mais la calomnie est trop mystérieuse et trop salissante pour consigner icy cette histoire.

« Entre temps Mélissandre s’advisa de bel esprit ; elle escrivit les ouvrages les plus contraires au cer- veau féminin, des maximes de sociologie, des consi- dérations sur les nations estrangères, des petits ro- mans incolores, des chapitres de littérature fade et molle, tout un lot d’opuscules indigestes dont la pé- danterie ne parvint point à dissimuler la platitude. Mais cette illustre est de celles qui s’imposent et forcent la main à la critique, aussi tous les grands écri- vains de la presse qu’elle avoit bercés dans ses fau- teuils ou qui a voient eu le tabouret à ses réceptions, les feuilletonistes cajolés, confits dans les préve- nances et les chatteries, ne pouvoient rester muets ou détendre leurs griffes. Et puis disoient-ils : « Une femme !… qui oseroit lui monstrer les dents autre- ment que pour sourire !… » — On lui presta un talent qu’elle ne rendit jamais ; ce fut pour les uns une Reine d’esprit, pour les autres la femme forte des temps antiques ; pour ceux-cy Y Arthénice des temps moder- nes, pour ceux-là enfin l’Égérie des législateurs, le