l’autre au cœur pour empescher l’excès des passions, soit en bien, soit en mal.
La vraye Précieuse, comme la marquise de Ram- bouillet et ses amies, fit aussy esclore et nourrist de sa pensée, de son souffle, de son esprit vaste et subtil, de sa gaieté mesme, différens genres de littérature spéciale ; tels ces portraicts, ces caractères, ces pen- sées, ces lettres dont je parlois au début de ce cha- pitre. On peut dire que le genre épistolaire sortit tout esquipé de l’hôtel de la rue Saint-Thomas-du- Louvre avec Balzac et Voiture et que, sans ces modesles curieux à plusieurs titres, Mme de Sévigné n’eust pas cultivé une manière si françoise qu’elle n’eust un peu plus tard qu’à perfectionner avec des grâces et des qualités innées en elle, mais avec trop de voulu et pas assez d’abandon.
A mon sentiment, la Précieuse se rapproche sen- siblement de ce type de la Femme qui ne se treuve point, et dont M. de Saint-Évremond nous a laissé ce joly portraict qu’il voulut sans doute ironique- ment parfaire pour mieux prestendre en renier le vray modèle.
« Son esprit a de l’étendue sans estre vaste, n’al- lant jamais si loin dans les pensées générales qu’il ne puisse revenir aisément aux considérations parti- culières. Rien n’eschappe à sa pénestration : son discernement ne laisse rien à connoistre et je ne puis dire si elle est plus propre à descouvrir les