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expressifs que toute la philologie et tous les dis- cours que j’eusse peu hasarder sur le sujet. La pos- térité ne veut voir la Précieuse qu’au travers de Molière, qui ajustement stigmatisé les prudes et les pédantes, les femmes sçavantes, grotesques, bavar- des, les « bibliothèques renversées », comme il en existe tant encore ce jourd’hui, les sottes et les vani- teuses qui forment l’outrance de la grande Précieuse honneste, accueillante et bonne.

Dans la première période du grand siècle la ru- desse des mœurs et la hardiesse parfois brutale du langage disparusrent peu à peu ; on eut une plus haute conception de l’idéal féminin et la littérature de ce temps peint à elle seule Testât de la société françoise sous Louis XIII. Il régnoit alors un fu- rieux goust pour les romans héroïques, pour les sen- timens généreux à la folie, gigantesques et ampou- lés, pour toutes les peinctures d’amour en relief sur un fond de noblesse. Desjà il n’y avoit plus de Py- rennées pour les lettres, tout nous venoit d’Espaigne comme un siècle auparavant tout sembloit italianisé du haut en bas du Parnasse. Il se formoit une escole d’honneur et de politesse affinée, qui persuadoit aux hommes que les femmes divinisées par l’adoration la plus puissante avoient plus de droits au respect qu’à l’amour physiquement démonstratif. Ce plato- nisme et ces amours spiritualisées se montrent dans leur langueur filandreuse au milieu des romans de la