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liures qu’un amateur bien doué, sous le rapport de l’œil et du sentiment de la couleur, peut aussi se pro- curer à peu de frais. Je ne saurais m’étendre sur ce point ; la reproduction seule par les procédés les plus compliqués pourrait donner une idée de ces jolies choses, et en dépit des phrases les plus ruisselantes d’inouïsme, je ne parviendrais certes point ici à gagner le lecteur à mes idées aussi complètement que je le désirerais.


Je prêche donc le mépris du convenu, l’indépendance de la manière, la personnalité extérieure et tangible de la bibliothèque de chaque amateur, l’originalité sur toutes les coutures du livre. La Reliure moderne doit être expressive, riante, chaude et bigarrée, extravagante même ; il la faut telle à nos yeux assoiffés de couleur et anémiés par le jansénisme des modes et les grisailles à la détrempe de ce temps sans reliefs ; nos demeures laborieuses demandent à être vivifiées par le chatoiement et la vivacité des nuances et par le soleil des ors ou les reflets lunaires de la platine; les Livres, nos chers et meilleurs amis, nos compagnons les plus sûrs, qui nous soustraient aux soucis d’existence et aux heures mélancolieuses, doivent être vêtus en princes d’Orient, comme des rois mages de l’idée, comme les grands prêtres des visions de l’âme; nous devons les soustraire, ces anti-