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véritable cartonnier d’art, et composa des maroquins du Levant à dos uni avec coin, d’un savoir-faire si complet qu’on les pourrait comparer, pour la façon dont ils sont traités, aux plus coquettes reliures pleines des maîtres. — Il ne reste plus rien de la Bradel ici, c’est bien le Cartonnage à la Carayon, un cartonnage joli comme une oeuvre de maîtrise, souple, brillant, qu’on tient en main avec non moins de plaisir qu’on le regarde, et qui s’ouvre et se ferme comme l’œil d’une jolie femme amoureuse. — M. Carayon professe pour les livres qu’il cartonne autant de respect que de vénération ; c’est à peine s’il les effleure, il les conserve intacts, à l’état de brochure, avec la couverture, et le dos replié sur le titre ; ils ne sont pas grecques, cela va sans dire, mais cousus sur rubans et complètement non rognés ; ils conservent, sous leur solide costume, l’aspect même qu’ils avaient au sortir de chez l’éditeur ; de plus, il emploie aussi peu de colle que possible, et tel ou tel de ses livres reliés s’ouvre sur table aussi aisément, au gré du lecteur, qu’un cahier d’études de collégien.

M. Carayon fait le cartonnage demi-maroquin ou maroquin plein janséniste, en ne dorant que le titre et la date en queue ; mais il ne craint pas de s’écarter des bleus, des rouges et des lavallières classiques ; il sait trouver des maroquins roses, des nuances saumon, des rouges pompéiens, des jaunes vieil or,