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le vêtement par excellence, la jaquette du livre l’idéal de la Bibliophilie opportuniste, la confection courante agréable et flatteuse, trop souvent mal ajustée au caractère qu’elle renferme ; c’est bien en un mot un type de costume qui sent son origine démocratique, c’est la Reliure sans-culotte.

En vain notre siècle a-t-il inventé les coins de maroquin et les fines nervures, en vain a-t-il tenté d’aristocratiser cet habit négligé, rien n’y fait et la demi-reliure conserve toujours à mes yeux un tel manque de chic qu’il faut bien du goût et de l’habileté pour le faire disparaître. C’est pourquoi je ne parlerai ici que de la demi-reliure excentrique, d’un compromis bizarre entre la reliure pleine et le cartonnage, ce qui à vrai dire n’est déjà plus la demi-reliure d’amateur.

Le commerce des demi-reliures en France a été incroyable en ce siècle, et la reliure pleine est devenue presque une exception. Sur les trois cents relieurs et cartonneurs que je puis compter dan l’Annuaire de la Librairie, plus des deux tiers ne font que la demi-reliure ; en province c’est pi encore, et je mets en fait qu’il n’existe pas dans tous nos départements vingt relieurs capables d’exécuter une belle reliure pleine, même un médiocre « janséniste ». — Les principaux relieurs parisiens qui excellent dans le demi-maroquin à coins