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maroquin d’un livre le portrait de son auteur, soit sur émail, soit peint sur ivoire, soit gravé sur la même matière et encré en façon de taille-douce. On ne fera jamais assez de folies pour les livres, on ne s’ingéniera point trop à les embellir, à les adorner, à les afistoler, à les diaprer, à les historier, à les chamarrer, à les ornemaniser, à les ennoblir enfin sur toutes les coutures. Nous ne saurions trop délicatement payer les doux plaisirs qu’ils nous causent, et les dépenses voluptuaires que nous prodiguons à leur endroit nous reviendront toujours sous la forme des mille enivrements d’une rare suavité. — Pour la complète satisfaction de l’œil, il ne faut négliger aucun soin et tout prévoir, tout ordonner, tout décrire sur la liste minutieuse remise à l’ouvrier relieur duquel on a fait choix.

Les gardes particulièrement méritent d’attirer l’attention. Depuis des siècles on use et on abuse de ces papiers spéciaux dits papiers peigne, ou papier marbré, ou encore à escargots, et j’enrage, à franchement parler, de voir des ouvrages signés par les maîtres doreurs du jour, ornés de ces pitoyables papiers de gardes qui semblent avoir fait leur temps et n’être plus en rapport avec les progrès constants de la papeterie de luxe. Un livre couvert de maroquin et de petits fers, habillé à l’intérieur de ces vilains papiers de corrigés ou de livres de comptes, me fait toujours l’effet d’une grande coquette mise avec un