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Reliure ne saurait être trop emblématique ; la bibliothèque d’un Amateur, qui est digne de ce nom, ne doit ressembler à aucune autre. De même que le vêtement est non seulement l’habillement du corps, mais encore des idées, l’enveloppe des livres ne peut que refléter la personnalité de leur possesseur. Le bibliophile qui se pourvoit chez son libraire d’ouvrages tout reliés plus ou moins vulgairement est indigne de prétendre à l’amour des livres ; un sincère passionné doit rêver à la décoration de ses chers volumes comme les tendres amants rêvent à la toilette de leurs maîtresses, de la chaussure au corsage, de la jupe au chapeau. — S’agit-il de vêtir un poète favori, le bibliophile ne songera pas à la confection sur mesure, il s’adressera à un tailleur assez intelligent pour saisir et bien exécuter ses volontés ; il arrêtera toutes les parties du costume, la décoration, des plats et les petits fers des entre-nervures ; il choisira sa doublure, la soie de ses gardes et le papier de ses contre-gardes, et il aura le bon goût de ne jamais se laisser aller à faire frapper ses initiales, en quelque coin que ce soit, s’il ne possède pas d’armoiries familiales ou d’allégorique vignette à devise.

C’est aux hommes de lettres et aux bibliophiles artistes que l’on doit tout le progrès qui ait été réalisé au cours de ce siècle dans la décoration extérieure des livres ; ce sont eux qui se sont ingéniés à recouvrir superbement les œuvres de la pensée, chacun en appor-