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dans toute l’acception du mot, et si ce praticien était plus maître de lui dans l’art de la dorure, si ses fers étaient mieux poussés, ses roulettes plus parfaites, on pourrait le proclamer un des meilleurs relieurs français de ce temps. Je ne veux pas désespérer de le voir atteindre au comble du bien fait et de l’originalité.

C’est que rien n’est plus malaisé et plus rare que d’obtenir une reliure pleine, idéale de perfection. Il convient que les plats présentent une légère cambrure ou convexité et qu’ils viennent s’appliquer exactement sur les gardes, il faut que la couture soit faite sur nerfs fendus et très soignée, c’est-à-dire à trois cahiers, que l’endossure soit irréprochable et que les cartons soient confectionnés avec une exactitude mathématique ; car, ainsi que le dit bon Lesné en son poème :

Un Livre sur tous sens doit se trouver d’équerre,
En tête, en queue, au dos, aux mors, à la gouttière.

De plus, si l’on veut conserver les tranches sans dorure, il est nécessaire que les marges soient à peine effleurées, et non pas au grattoir, de manière que les témoins demeurent intacts. — Aujourd’hui, la plupart des amateurs font dorer leurs livres sur brochure, c’est-à-dire que la dorure s’attaque seulement aux tranches débordantes sans toucher aux feuillets que la pliure a mis en retrait ; cette méthode a du bon en ce sens qu’elle conserve entièrement les beaux ouvrages