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et des plagiats banaux ; je conviendrai que leur dorure est parfaite, leurs livres bien montés et doublés avec goût, je ne ferai point à MM. Cuzin, Motte, Thibaron et Joly, Chambolie-Duru, Allo, Gruel et Engelmann l’injure de discuter leur mérite, d’autant mieux que je n’ai pas mission pour cela : tous ces praticiens connus et dignes d’estime et d’attention ont une maëstria infinie dans leur genre, et d’aucuns d’eux sont de réels artistes ; il n’en est pas moins vrai qu’ils demeurent encore dans le lieu commun des compositions ressassées et que leurs essais de modernité ne sont que tâtonnements timides qui ne révolutionnent point un art dont ils sont cependant les plus célèbres représentants.

À côté d’eux, dans la pénombre de la publicité, je vois de plus modestes praticiens, très épris de leur métier et rêvant de l’ennoblir et de le distinguer davantage : tel est M. Amand, relieur doreur, qui depuis plus de quinze ans lutte pour le triomphe de ses idées et qui n’est suivi que par un petit nombre de fidèles et de curieux, amis de la fantaisie originale. — Je ne discuterai pas la facture des ouvrages de M. Amand, le poussé de ses dorures, la perfection de ses dos, l’équerre de ses plats, l’élégance de ses nerfs ou le poli de ses maroquins ; dix de ses confrères viendraient m’affirmer que c’est une mazette que je répondrais encore : « Je ne m’en soucie mie. »

Ce que je sais, c’est que maître Amand, tout en re-