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cette pente d’entraînement, je ne m’arrêtai plus. Au lieu de trente pages, je promis soixante, quatre-vingts et cent feuillets ; ce fut au tour de l’éditeur à mettre le holà ! — Je serais allé, Dieu me pardonne, jusqu’à noircir plus de papier que n’en eût comporté un royal in-folio.

Telle est en quelques lignes l’origine de cette Reliure moderne, œuvre de fantaisie variée et non de haut savoir ou de bel entendement ; je me suis plu, selon ma coutume, à deviser familièrement avec le lecteur ami, sans prétendre pontifier sur un thème où tant d’autres eussent pu disserter avec plus d’autorité ; je me suis efforcé de sortir de l’atelier pour demeurer dans la librairie selon le terme anglais. Ce livre ne restera donc pas, à mon sentiment, comme un document à consulter dans les âges à venir, ce sera un guide d’esprit à esprit, d’initié à initié, dans le même amour et la même toquade du bouquin ; il aura le mérite et le grand défaut de la personnalité ; et les gens à méthode et à principes, les adeptes de la routine et de la tradition, feront sagement de s’en garer au plus vite et de le cataloguer au chapitre des paradoxes bibliographiques. Je ne leurre en ceci personne, et tends bien volontiers mon dos aux pions de la bibliophilie pédantesqne et aux praticiens à ferrule ; si je pare leurs coups, ce sera avec la batte d’Arlequin en faveur de cette arlequinade.