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rigoristes, ni des méticuleux. Nous ne nous adressons pas à ces demi-dieux de la Bibliophilie, qui détiennent dans une petite armoire vitrée, de deux mêtres super ficiels au plus, quelques centaines d’exemplaires hors ligne, dont la valeur totale se chiffre par un million de francs ; ces gens-là ont leurs idées très arrêtées et souvent très fausses ; ce ne sont ni des chercheurs, ni des modernes, et plus rarement des artistes ; nous visons plutôt le grand Public des passionnés sincères du Livre, le monde des amateurs modestes, éclairés, studieux, qui ne bornent pas leurs désirs à une collection d’ouvrages uniques à mettre sous vitrine, mais qui aiment à tapisser leurs murs de tous les grands et petits chefs-d’œuvre de l’esprit humain. Là est la vérité, la sagesse, le bon sens, c’est sur ce terrain que je vous attends, car vous avez toutes les chances de faire adopter l’originalité et proscrire la routine… Voyons, est-ce dit, en êtes-vous ?

— Parbleu ! oui, j’en serais, aimable tentateur, s’il s’agissait de quelques pages légères, troussées à la diable comme un croquis sincère, mais un Livre ! Songez-y donc, éditeur forcené que vous êtes, un Livre entier sur la question, pensez-vous que cela s’improvise ?… Cela épeure, cela assomme, cela donne la migraine, et si l’on n’y consacre pas des mois et encore des mois, si l’on n’apporte pas par devers soi des hottées de documents honnêtement contrôlés, on