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les peaux lacérées, les ouvrages sans pièces de titre, les couvertures jaunies par l’humidité ; c’est un ramasseur, non pas un conservateur. Je pense même qu’il aime à vivre avec des jouissances olfactives particulières dans son logis empuanti par l’odeur âcre des papiers fermentés, des basanes décomposées et des cartonnages dévorés par les mites. C’est le Diogène du genre ; il soutient que l’habit ne fait pas le moine, aussi ne connaît-il ni tailleur ni relieur. On doit parfois, à ce type falot, de curieuses petites découvertes, soit pour l’histoire littéraire, soit encore pour l’étude bibliographique. C’est un heureux innocent, un excentrique, mais nullement un inutile.


En dehors de ces divers fantoches, il existe à Paris, en province et à l’étranger des érudits ou des curieux de belles-lettres anciennes et modernes, amis des beaux livres, des éditions soignées, des fines illustrations, véritables amoureux des richesses qu’ils amassent chaque jour, et dont tous les loisirs sont employés à la lecture, à l’observation ou à l’arrangement de leurs coquettes bibliothèques. Ce sont ceux-ci qui composent le grand public sain, sans pose et sans manières affectées auquel je m’adresse ; ce sont là les seuls aimants et aimables bibliophiles, les jeunes, les ardents, les enthousiastes, si dévotement à genoux et aux petits soins devant ce qu’ils adorent, qu’ils