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templateurs de livres sans les ouvrir. S’il me fallait composer pour leur usage des Ex Libris et des Armes parlantes, à l’un je proposerais une Main, à index levé sur fond d’or, avec la légende Noli me tangere. — Pour l’autre j’imaginerais un Marteau de commissaire-priseur ailé, sur champ d’azur, en bas un livre avec la devise du surintendant Fouquet : Quo non Ascendam ! — À celui-ci, j’indiquerais l’inscription : Ite ad vendentes, et enfin, aux nombreux amis des livres brochés non coupés, cette aimable mention sur feuillet de garde : Sicul erat in principio.

La plupart des singuliers monomanes dont je viens d’ébaucher l’esquisse sont, en quelque sorte, des traitants de la bibliophilie ; ils possèdent une bibliothèque par genre, comme tant d’autres ont une maîtresse en titre par bon ton, apportant plus de vanité que d’amour à l’entretenir avec luxe, et ne professant envers leurs livres que cette passion froide des galantins sans tempérament, lesquels n’ont de bonnes fortunes que pour la montre. Certes, ils mériteraient, si le cas était moins pendable, qu’un amoureux sincère confisquât en sa faveur leur trésor, comme on souffle sa belle au parvenu ridicule qui n’en fait qu’ostentation.

Le Bibliomane bouquineur est, — on doit en convenir, — peut être plus digne d’intérêt et d’observation que les maniérés du livre que nous venons d’entrevoir. Lui, au moins, c’est le don Juan des quais