dédain et la vague inquiétude de faire un mauvais placement. Ce qu’il lui fait, sous l’apparence d’un culte aristocratique pour les livres en belle condition de reliure et à provenance célèbre, ce sont des valeurs négociables et aisément transmissibles ; aussi ne recherche-t-il que les volumes à la marque de Mme de Pompadour, de la princesse Palatine ou de la comtesse de Verrue ; les ouvrages habillés par Trautz-Bauzonnet, par Purgold ou même par Cuzin, relieur à la mode qu’il daigne protéger… Ne lui parlez point de Lortic, il l’égratignerait jusqu’au maroquin. — Le Bibliophile traditionnaire est, avant tout, libre échangiste et possède un flair exquis pour « enrosser » ses congénères ; chaque jour il épure sa bibliothèque et augmente la valeur de son capital engagé ; il troque, il troque à outrance, et il truque aussi ses dix-huitième siècle à l’aide de tous les états de gravures et essais d’artistes qu’il a pu rencontrer. — C’est un habile et heureux homme, il est tiré à petit nombre d’exemplaires, et par conséquent très recherché et estimé, aussi bien au passage Choiseul qu’au passage des Panoramas. — Il fait peu relier de livres, mais, si cela lui arrive, il ne se met pas en frais d’imaginative, il reste traditionnaire ; c’est-à-dire qu’il fera composer ses plats à la du Seuil ou dans la manière rocaille de Derôme ; il ira jusqu’à prôner la façon janséniste et pensera avoir fait œuvre absolue d’artiste et de trouveur en commandant pour
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