Page:Uzanne - La Reliure moderne.djvu/239

Cette page n’a pas encore été corrigée

jusqu’à Bollioud-Mermet, différent cependant énormément de leurs ancêtres par une foule de petits dadas inconnus autrefois et de formation très moderne.

On a toujours pu diviser les amateurs de Livres en trois catégories bien distinctes : les Bibliophiles ou collectionneurs éclairés, bien qu’essentiellement vaniteux ; les Érudits ou curieux de littérature, aimant les livres plus ou moins bien vêtus par pure passion de commerce intellectuel, et enfin les Bouquineurs ou Bibliomanes, véritables acquéreurs hystériques et boulimiques, préférant, dans leur rage de possession, la quantité à la qualité et s’en allant sans discernement, sans besoin et sans goût, recueillir tous les vagabonds, mécréants et récidivistes qui errent, lamentables et sans état civil, le long des quais ou dans des échoppes noirâtres des quartiers retirés.

Le Bibliophile, proprement dit, offre aujourd’hui différents aspects et expressions dont la taxologie la plus fine aurait quelque peine à diviser les nuances. J’indiquerai cependant le grand Bibliophile ou Bibliophile par tradition, homme judicieux et madré, véritable sénateur du genre riche, qui n’opère généralement que dans le vieux, et n’admet d’ordinaire dans ses vielles armoires que les nobles armoriés, héritages des grands maîtres du passé. — Ce Bibliophile traditionnaire n’achète que deux ou trois livres modernes par année, encore le fait-il avec une légère moue de