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succès , grâce à son habileté et à son bon goût. L’abbé Delille, qui lui devait la reliure d’un exemplaire de son poème les Jardins, parla ainsi du comte de Caumont dans un autre poème : la Pitié.

Que dis je ? ce poème où je peins vos misères
Doit le jour à des mains noblement mercenaires ;
De son vêtement d’or un Caumont l’embellit,
Et de son luxe heureux mon art s’enorgueillit.

Les révolutionnaires ne goûtaient point les relieurs et massacraient volontiers, dans leurs accès de vandalisme, les plus beaux maroquins à armoiries. Louvet et Mercier se montrèrent parmi les plus enragés à détruire les somptueux vestiges de la Bibliophilie d’autrefois ; chez le citoyen Mercier surtout ce fut une haine véritable pour tout ce qui provenait d’une illustre bibliothèque ; l’auteur du Tableau de Paris n’aimait du reste que les volumes brochés ; lui arrivait-il d’acquérir un ouvrage qu’il n’avait pu trouver autrement que relié, il rentrait aussitôt chez lui pour lui casser le dos et en faire une brochure. Un contemporain, justement indigné, lança contre le Bibliopégiphobe cette assez, méchante épigramme :

Mercier, en déclamant contre la Reliure,
Pour sa peau craindrait-il un jour ?
Que ce grand homme se rassure,
On n’en peut faire qu’un tambour.

Mercier cependant n’était pas un âne, mais un sin-