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thèques faites sans soins et sans mesure, confiaient leurs livres pêle-mêle à tous les tailleurs de maroquin en renom. Bachaumont, dans ses Mémoires sécréts, à la date de février 1781, écrivait : « La beauté, le luxe et la profusion des livres élèvent à des prix extraordinaires les livres les plus communs. Tout passe, grâce à l’habit ; les reliures de Padeloup et de Derôme ont fait valoir beaucoup de drogues.[1] »

La Révolution fut, comme on le pense, des plus funestes à l’aristocratie de la Reliure ; le grand genre sombra en France ; on fit encore quelques belles reliures à l’étranger. À Londres, principalement, on comptait vers 1790 d’habiles maîtres relieurs, entre autres Robert Payne, Baumgarten, Welcher et Kalthober. On pourrait citer également, plusieurs émigrés français, qui, bibliophiles ou relieurs d’agrément avant la Révolution, furent libraires ou relieurs par nécessité pendant leur exil à Londres. Le Bulletin du Bibliophile de 1818 en indique un certain nombre. Je ne parlerai ici que du conte de Caumont, qui, en juin 1790, était établi en qualité de relieur-doreur, au numéro 3 de Portland Street où il obtint un véritable

  1. Je tiens à signaler un superbe et remarquable ouvrage qui me parvient au cours de ce travail : Les Femmes Bibliophiles de France, du seizième au dix-huitième siècle, par Ernest Quentin-Bauchart. 2 vol, in-8 ; Morgand et Fatout. C’est un livre exellement compris et illustré, et d’un grand intérêt pour l’étude de la Reliure en France.