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Levant des gentilshommes damerets de la Cour ou les buffles des mousquetaires de la Reine. Ce Le Gascon apporta une coquetterie raffinée et précieuse, bien digne de son temps, à la toilette des livres. La richesse et l’élégance de ses reliures est incomparable ; il comprit à merveille les oppositions de tons, les effets de l’or et l’harmonie du dessin, et l’on sent que toutes ses compositions obéissent à des règles fixes, car tout y est coordonné, voulu, groupé avec une suprême entente du beau et de la grâce, et, de plus, admirablement exécuté avec coins, tortillons et culots.

Il était à l’apogée de son talent vers 164O, après avoir, durant près de douze ans, créé les chefs-d’œuvre de Reliure dans le dernier goût, dite aux mille points, et couvert, entre autres ouvrages, cette célèbre Guirlande de Julie que M. de Montausier offrit à l’honnête Damoiselle de Rambouillet le premier jour de l’an de grâce 1633.

On connaît suffisamment, sans que je m’y étende davantage, les éblouissantes reliures exécutées par Le Gascon pour Louis XIII et Anne d’Autriche, pour Monsieur, frère du Roi, pour le cardinal Mazarin, Louis Habert de Montmaurt, Jean Ballesdens, Huet, et même pour l’abbé Colin, mauvais poète mais amateur estimable. Ses compartiments à petits points sur maroquin rouge sont inimitables, d’une légèreté, d’un fini, d’un dessin prodigieux.