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distance la place et le vallon occupés par l’ennemi.

Les archers, à coups de flèches, établirent une communication avec le castel, et bientôt un câble solide put être tendu par-dessus les postes ennemis. On fit passer à la garnison des vivres d’abord, puis dans de légers paniers suspendus par des cordelettes glissant sur le câble, quelques hommes se risquèrent, et à la force des poignets se halèrent jusqu’au sommet d’une tour, Enguerrand et ses hommes passèrent les derniers. Ils étaient ainsi suspendus en l’air, en situation difficile et gênés par le poids de leurs armes, lorsqu’une soudaine rumeur éclata dans le camp ennemi. Tous les postes s’éclairèrent, les flèches sifflèrent autour d’eux, frappant sur les armures, s’enfonçant au défaut des pièces ; enfin Enguerrand et ses hommes touchèrent les murailles, il était temps : des archers ennemis escaladaient le rocher pour couper le câble ! Presque tous les hommes d’Enguerrand avaient été touchés, très légèrement par bonheur, mais la place était sauvée. Quelle vengeance deux jours après quand, les enseignes d’Ogata aperçues dans la plaine, Enguerrand, à la tête d’une furieuse sortie, tomba sur le camp ennemi ! Vous verrez tout à l’heure comme