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la marche fatale et la puissance indiscutable, et, tenez, pour ne point trop vous laisser l’impression de la triste nouvelle dramatique que je viens de vous apprendre et qui, je le vois, vous trouble à l’excès, permettez-moi de vous faire le récit d’une aventure dans laquelle une momie d’Égypte joue un rôle non moins terrible et non moins meurtrier ; j’ai connu la victime, et tout Londres, tant au British Museum que dans le monde du journalisme, pourra vous certifier l’absolue authenticité des faits que je vais avancer.


II


Vous connaissez, je suppose, le journal hebdomadaire England illustrated News ; fondé à Londres, il y a plus de soixante ans, par un self made man, de grande activité et intelligence, nommé John Magrin, qui gagna dans cette entreprise plus de trente mille livres sterling de revenu, c’est-à-dire une vraie fortune d’Américain.

À la mort de cet excellent homme, ses deux fils, William et Robert, prirent l’affaire en main et rétablirent sur un tel pied administratif qu’il leur fût possible de donner carrière à leurs goûts de voyage et d’aventures à travers toutes les contrées du globe. William et Robert Magrin étaient deux superbes gaillards, souples, forts, musclés, hardis cavaliers, canotiers infatigables, marcheurs intrépides et par-dessus tout tireurs admirables. Le plus jeune, Robert, était un des premiers fusils d’Angleterre ; il faisait à lâchasse des séries à rendre jaloux lord D……, notre fameux Gun-man, car…

Ainsi que la vertu le tir a ses… degrés.