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tu fais en ce moment ce qu’Annibal a dû faire à Capoue, attention ! »

Mais pour finir la soirée la comtesse a voulu m’apprendre à faire quelques tours de valse ; Berthier s’est mis au clavecin. Et en tournant au son d’une langoureuse musique, je me répétais encore : « Prends garde ! Annibal a fait tout ça… Il s’est amolli, Annibal, et ça lui a coûté cher ! »

La comtesse nous avait gentiment souhaité le bonsoir ; moi, à la campagne, j’aime à faire comme les paysans, j’aime à me coucher de bonne heure. Lever à six, coucher à dix, font vivre d’ans dix fois dix. On dit la même chose chez nous en Corse. Rien de plus Sain. (Note. Faire mettre au concours par l’Académie, mémoire en prose : sur ce sujet, idem poème. Écrire à Fontane).

Je me croyais débarrassé de Berthier, mais, va te faire lanlaire ! Tarare pompon !

— Sire, accordez-moi deux minutes, me dit Berthier en me retenant, j’ai quelques rapports, etc., etc., quelques signatures, etc., etc.

Povero mio ! Deux minutes ! Elles étaient de taille, ses deux minutes ! L’animal me retint jusqu’à trois heures du matin. Un travail de cheval !…