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Paris, oyant parler Leonide avec tant de consideration, eut au commencement opinion qu'elle le voulust marier ailleurs, et qu'à cette occasion elle desiroit le distraire de Diane ; mais enfin, repassant ses raisons en soy-mesme, et voyant qu'elle n'avoit rien dit qui ne fust vray, il changea cette creance, et recogneut que c'estoit l'amitié qu'elle luy portoit qui la faisoit parler ainsi franchement. Et pour respondre à tout ce qu'elle avoit proposé, dit briesvement : Qu'à la verité Adamas ne luy avoit pas dit, qu'il recherchast Diane, mais qu'il ne le luy avoit pas deffendu, sçachant asseurément qu'il l'aymoit ; que, s'il l'eust desappreuvé, il le luy eust dist, comme il avoit toujours faict de toute autre chose ; Qu'il s'asseuroit doncques qu'il l'avoit agreable, et que quand il le supplieroit, il estoit certain qu'il le trouveroit bon pere, comme il l'avoit tousjours ressenty ; Que, quand aux conditions de Diane, c'estoit une folie à luy de disputer d'une affaire dont la pierre estoit jettée, et qu'il luy estoit plus aisé de vivre sans ame que d'estre heureux sans Diane, et qu'avec ce mot il respondoit à toutes ses considerations, et pource qui estoit de ses parens qui pourroient desappreuver ce mariage, il croyoit n'avoir pas un parent qui l'aymast plus qu'il s'aymoit luy-mesme, et que par ainsi il estoit plus obligé de satisfaire et contenter, que tout le reste de ses parents et amis ; Que, quant à ce qui estoit de la bonne volonté de Diane, et la verité, disoit-il,