Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/992

Cette page n’a pas encore été corrigée

d'Adamas, d'autant que Paris, qui avoit une extreme affection pour Diane, n'en ayant pas eu la response telle qu'il eust desiré, vouloit prendre conseil avec Leonide de ce qu'il avoit à faire, et elle, qui l'aymoit comme elle devoit, ne le luy vouloit pas donner à la volée. C'est pourquoy l'ayant remis desja par deux fois, à ce coup, voyant que Paris ne luy laissoit point de repos, elle se resolut de luy en dire tout ce qu'il luy en sembloit. Et par ainsi apres s'estre retirez dans le petit bois de coudriers qui touchoit la grande allée : Mon frere, luy dit-elle, j'ay differé de vous resoudre sur l'affaire dont vous m'avez desja parlé par deux fois, parce que je voulois essayer si le temps ou quelqu'autre consideration vous en pourroit distraire ; maintenant que je vois que rien ne peut divertir ceste volonté, dictes-moy, je vous supplie, quelle est vostre intention?

- Je voudrois, respondit incontinent Paris, obliger tellement Diane à m'aymer, que je la peusse espouser. - Et avez-vous opinion qu'Adamas le trouve bon ? dit Leonide, car en cela il faut bien que vous y preniez garde. - Je ne luy en ay pas parlé ouvertement, dit Paris, mais il sçait bien que je l'ayme, et il ne le desappreuve point. - Cela, reprit Leonide, ne suffira pas, il faut le luy dire, et scavoir ce qu'il veut que vous en fassiez. En second lieu, et qui devoit estre le premier, avez-vous bien consideré si ce mariage vous est propre ? car l'amour clost bien souvent