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bien icy de la peine, et que le remede en sera bien difficile ; toutesfois vous estes encores dans le temps d'y pouvoir trouver un milieu, dans lequel vous pourrez vivre avec moins d'incommodité, et que peut-estre l'occasion nous offrira quelque meilleur moyen pour en sortir entierement. Je vous en proposeray deux, l'un desquels toutesfois me semble plus asseuré, puis que vous voyez qu'il est impossible de divertir ce berger de l'affection qu'il vous porte, permettez-luy de vous servir secrettement, et ceste permission sera cause qu'adjoustant vostre prudence à la sienne, vous pourrez cacher cette amitié à ceux qui n'ont rien à faire qu'à considerer les actions d'autruy. Mais si vous n'aymez point ce berger, le conseil est mauvais, d'autant que par cette secrette intelligence vous vous obligerez à de certains soings, et à des tesmoignages d'affection qui vous cousteroient trop cher.

C'est pourquoy cet autre expedient me semble le meilleur : Permettez-luy qu'il continue la feinte de laquelle il s'est servy jusques icy, ceste permission luy donnant le moyen d'éviter son feu, il jettera ses flammes de moindre violence, et si, de fortune, il se va de sorte augmentant que chacun s'en prenne garde, l'on ne le trouvera point estrange, parce que l'on y est desja accoustumé. Et quelle recherche que sous ce pretexte il vous puisse faire, sçachant que c'est par feinte, on ne pensera pas que vous l'aymiez, je veux dire pour le