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où le plus souvent elle avoit eu la commodité d'entretenir sa belle bergere, lors que leurs parens à moitié lassez des peines et des contrarietez qu'ils leur avoient faictes, leur permettoient un peu plus de liberté de se voir et de s'entretenir que de coustume. Se ressouvenant donc de tant de passions qu'elle avoit ressenties en ce lieu, et qu'elle avoit remis dans le sein de sa bergere, avec tant de sermens receus de sa fidelité, elle ne peut s'empescher de souspirer ces vers :


Sonnet

Elle demande si sa maistresse ne s'est point
souvenue des sermens faicts en ce lieu.

N'est-ce pas en vostre presence,
Arbres fueillus, et bois heureux,
Où tant de sermens amoureux
Ont pris autrefois leur naissance ?

Dites moy si pendant l'absence
L'on s'est jamais souvenu d'eux,
Ou si les sermens de tous deux
Ne sont plus en sa souvenance.

Mais qu'est-ce que je veux scavoir ?
Puis-je bien me tant decevoir,
Que d'