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rayons du soleil sembloient, comme amoureux, se jouer en le baisant. O Amour ! que tu te plais quelquefois à tourmenter ceux qui te suivent, de differente façon ! Comment as-tu traicté ce berger dans la caverne solitaire où tu le renfermas, lors que privé de la veue de sa bergere, tu luy faisois sans cesse regretter la presence de cette belle ? Et maintenant, qu'est-ce que tu ne luy fais pas souffrir, l'esblouissant, pour ainsi dire, de trop de clarté, et le faisant souspirer pour voir trop ce qu'autrefois il regrettoit de voir trop peu ?

Cette consideration arracha du profond du coeur à cette feinte druide ces vers:


Sonnet

Qu'absent et present, il est tourmenté.

Mourir, absent de cette belle,
Et remourir, estant aupres,
Que faut-il esperer apres
Une fortune si cruelle ?

Ma voix d'une plainte eternelle
Loing d'elle estoit toute en regrets,
Et semble que je sois expres
Pres d'elle pour me plaindre d'elle.

Puis qu'egalement