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trompez, respondit Diane en sousriant, croyez qu'en effect vous n'avez pas une bergere qui tienne mieux vostre party, quelque mine qu'elle face, au contraire, mais je ne veux pas que vostre dispute soit en public comme a esté celle de vous et de Phillis. Pour des considerations que vous pouvez bien penser, il faut que ce soit quand chacun se retirera, car nous allons souper en la maison d'Astrée, où Phocion traitte Adamas et Daphnide, et nous toutes, nous leur en parlerons en particulier. O ! que ces paroles donnerent une grande consolation à Silvandre, luy semblant que, puis que Diane avoit le soing de cacher ceste recherche, ses affaires n'estoient pas en mauvais termes, et il estoit tres-certain que cette bergere s'estoit peu à peu engagée de bonne volonté envers Silvandre, de telle sorte que depuis, quoy qu'elle sceust faire, il luy fut impossible de s'en dépestrer jamais.

Cependant Astrée et Alexis s'alloient entretenans, et comme l'on passe d'un discours en un autre, ils vindrent enfin sur le jugement de Diane. Et Alexis continua leur propos : Belle bergere, luy dict-elle, vous puis-je parler librement ? - Comme à vous-mesme, respondit Astrée. - Que pensez-vous, dit Alexis, de l'amour de Silvandre ? - Je croy, adjousta la bergere, que veritablement ce berger est grandement amoureux, et que si Diane ne se conduit avec une tres grande prudence, j'ay peur qu'elle n'en ressente en fin du desplaisir. - Et moy, reprit la druide, j'ay opinion, si je