Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/939

Cette page n’a pas encore été corrigée

fut pas dit davantage, parce qu'avant que toutes ces choses fussent achevées, le soleil avoit presque finy son cours, et s'en alloit cacher le jour dans la mer.

Cela fut cause qu'ils se mirent en chemin pour se retirer dans leurs hameaux. Astrée et Alexis marchoient ensemble, Adamas, Alcidon et Daphnide se tenoient compagnie, Phillis estoit aupres de Lycidas, Paris entretenoit Leonide pour se resoudre sur les discours qu'ils avoient desja commencez en la maison d'Adamas, de sorte que Silvandre, s'approchant de Diane avec une grande reverence : Ma belle maistresse, luy dit-il, me permettez-vous de vous ayder à marcher jusques en vostre logis ? - Je reçois, luy respondit-elle, ceste courtoisie, mais je voudrois bien que vous prissiez de bonne heure la coustume de ne nommer par mon nom. - Croyez, luy respondit-il, belle bergere, que vous n'en avez point qui soit plus veritablement vostre nom que celuy que je vous donne, de ma maistresse, car je vous supplie de croire que c'est une chose si vraye que je suis vostre serviteur, que toutes les choses plus certaines ne le sont point davantage.

Diane qui ne desiroit pas d'esloigner Silvandre, et qui toutesfois ne voyoit point de raison de l'aimer, estant incogneu et un pauvre estranger, demeuroit bien empeschée de ce qu'elle avoit à faire, et jugeant que pour lors elle ne pouvoit promptement prendre un meilleur conseil, que feindre de croire que c'estoit