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Diane ? - Je confesse, dit froidement Silvandre, que me considerant avec les yeux de l'égalité, vous avez raison, mais que je n'ay pas tort aussi, quand j'adjouste de mon costé mon extreme amour, et l'esperance qu'il luy plaist de m'en donner. - Vostre extreme amour, dit-elle, est aussi invisible que cette esperance. - Mes actions, dit Silvandre, et celles de cette belle maistresse la peuvent rendre visible. Et si les miennes jusques icy ne l'ont peu faire, j'espere de luy rendre tant de service qu'encore que je ne puisse pas la monstrer entierement, toutefois elle en verra assez pour la juger la plus grande qui fut jamais ; mais qu'elle ne m'ait point donné de cognoissance de cette esperance que vous me reprochez, si vous aviez aussi bien remarqué que moy ses actions, vous ne le diriez pas, car les fleurs, sont-ce pas des esperances ? et pourquoy m'auroit-elle ordonné de les porter sur la teste ? - Il est vray, repliqua Stelle, mais ces esperances, comme vous avez receu les fleurs du sage Adamas, vous les devez aussi avoir des choses qui dependent de ce grand druide, et non pas de Diane. - O Stelle! adjousta Silvandre, je voy bien que vous n'avez l'œil qu'à remarquer les actions d'Hylas, car si vous eussiez veu ce que j'ay fait, vous ne diriez pas que je tiens ces fleurs du grand druide. Il est bien vray que je les ay eues de luy, mais ne les ay-je pas laissées, et posées aux pieds de Diane, pour monstrer que j'y remets toutes ces esperances ; et si maintenant vous