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peut fort bien descouvrir l'intention, mais qui, pour esclaircir encore mieux nos pensées, se rendent plus intelligibles l'une par l'autre. Et c'est pourquoy, lors que nos actions sont douteuses, nous y adjoustons la parole pour les resoudre, et quand nos paroles sont obscures, nous les esclaircissons par les actions ; et le grand Tautates l'a voulu ordonner de cette sorte, afin que ces ames trompeuses et qui prennent plaisir à decevoir tous ceux qui les approchent, n'eussent point d'excuse, lors que les deceptions sont descouvertes, sur l'impuissance de ne s'estre pas sceu mieux faire entendre.

Or cette sage et tres-juste Diane, voulant nous faire sçavoir ce qu'elle jugeoit de notre different, afin de ne nous laisser aucun doute sur ce suject, a voulu user des deux moyens qui luy sont donnez pour nous faire entendre son opinion. Elle a donc en premier lieu parlé fort clairement, et puis, à ses paroles, elle a adjousté les actions qui pouvoient les esclaircir entierement. Et toutesfois, puis que la feinte ignorance de Phillis me contrainct de recourre aux raisons pour ne laisser personne en doute de la verité, je diray :

Que pour recognoistre cette verité, il la faut prendre en sa source, et qu'à cette occasion, pour sçavoir qui par le jugement de Diane a eu la victoire, il est necessaire de considerer quel a esté le commencement du different qui a donné naissance à nostre gageure. La nymphe Leonide en