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O Diane ! l’honneur non seulement de ces Forests et de ces rivages, mais la gloire de tous les hommes, et l’ornement de tout l’univers, vous voyez devant vous un berger, qui non seulement vous ayme, et vous offre son service et sa vie, mais vous adore, et vous sacrifie et son cœur et son ame, avec une si entiere affection, ou plustost devotion, que tout ainsi que la nature ne peut plus rien faire qui se puisse esgaler à vous, aussi l’amour ne sçauroit plus allumer une si grande ny si parfaicte affection dans quelque autre cœur que ce soit. Et toutesfois le grand Tautates s’est pleu à vous advantager de telle sorte par dessus les œuvres de ses mains, qu’encore que je sçache bien que cette extreme amour et entiere devotion me pourroit faire esperer avec raison de toute autre quelque grace et quelque faveur, et ne le recevant point, donner lieu à mes plaintes et à mes doleances, si recognois-je bien que pour vous, cela ne peut estre, à qui tous les cœurs et tous les services des mortels sont deus, et qui ne peuvent vous estre refusez sans offence, ny, vous estans rendus, meriter rien de plus avantageux pour nous, sinon qu’en vous aimant, servant, et adorant, nous vous rendons les devoirs ausquels tous les hommes vous sont obligez.

Aussi je ne me presente pas maintenant devant vos yeux pour vous demander quelque recompense de mes services,