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qu’elle ne sera ny à l’un, ny à l’autre ; car tout ce que nous avons allegué pour meriter son amitié, pourroit bien avoir lieu pour le regard de quelque autre, mais pour Diane nullement, Diane, de qui les perfections et les merites surpassans toutes les forces de la nature, mesprisent aussi toutes les loix qu’elle donne aux mortels.

Et par ainsi, quand nous disons que l’amour se doit payer par l’amour, et que les longs et fideles services sont dignes d’estre recogneus, ce sont veritablement des raisons pour les hommes, et qui les obligent à les ensuivre, mais nullement pour Diane, en qui le Ciel a voulu mettre tant de graces que, la relevant par dessus les mortels, elle l’a voulu esgaler à ceux qui habitent parmy les estoilles. A qui faut-il donc que je m’adresse ? et à quoy faut-il que je recoure ? M’addresseray-je à l’amour, et recourray-je à la justice avec laquelle toutes les choses sont balancées, et recompensées. Mais comment ne sera-ce inutilement, puis qu’amour n’a rien affaire avec Diane, et que ce qui est juste pour toute autre seroit injustice pour elle ? Adressons-nous, ô Silvandre, et recourons à elle-mesme, et laissans là toutes les autres puissances et toutes les autres raisons, disons luy.

A ce mot, il se jetta à genoux devant Diane, et puis, luy tendant les mains, il continua :