Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée

il, car si vous estes à son costé, je suis en son cœur. – Je ne te plains donc plus, interrompit Hylas, de la peine que je pensois que tu eusses de marcher ; car, à ce conte, il ne tiendra qu’à Diane que tu ne fasses de longs voyages sans guere travailler tes jambes.

Silvandre sousrit de cette response, et puis respondit froidement : Je sçay bien, Hylas, que tu n’entens pas ce que je dis ; aussi n’estoit-ce pas à toy à qui je parlois, mais à Phillis, qui à la verité est bien autant ignorante des misteres d’amour, mais qui toutesfois a si bonne volonté de les apprendre, qu’elle merite mieux que toy de les ouyr, – Voicy, dit Hylas, une louange qui n’est pas à desdaigner pour Phillis, disant qu’elle desire d’apprendre les mysteres d’amour ; que s’il est ainsi, et qu’elle vueille estudier en mon escole, je les luy apprendray à bon marché.

Tous les bergers se mirent à rire des paroles d’Hylas, et parce que Silvandre prit garde qu’Astrée et Diane baissoient les yeux, il voulut changer de discours, et pource, il luy dit : Je voy bien, Hylas, que tu enseignes ta doctrine fort librement ; mais pour revenir à ce que j’ay dit à Phillis, je te repliqueray encores que je suis plus prez de Diane, qu’elle n’est pas, encore qu’elle soit à ses costez, parce que Diane est en mon cœur. – Vous avez dit, reprit incontinent Phillis, que vous estiez en son cœur. – Et je l’advoue encores, respondit Silvandre. –