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vie. Heureux veritablement vous pouvez vous dire d’estre nay en Forests ! heureux d’y estre obey et aymé comme grand druide ! mais je vous dis encores plus heureux d’estre voisin de ces aggreables rivages de Lignon où le Ciel a voulu faire naistre les plus gentils bergers et les plus belles et discretes bergeres qui ayent jamais porté ce nom ! – Madame, respondit Adamas, j’accorde tout ce que vous dites, et vous proteste que je ne changerais pas mon bon-heur à celuy du plus grand monarque de la terre, n’ayant à supplier le grand Tautates, sinon qu’il nous le continue à longues années. Mais pour les louanges que vous donnez à ces bergers et discretes bergeres, je m’asseure qu’ils ne les recevront pas sans rougir, encore qu’ils l’ayent bien aggreable, venant de vostre bouche.

Et toute la trouppe se levant et faisant la reverence à Daphnide, pour approuver ce que le druide avoit dit : Mais, madame, dit-il, puis que vous avez sceu le suject de la recherche de Silvandre et de Phillis, ne vous plaist-il pas d’en ouyr le jugement qui en sera fait ? – Ce seroit, respondit Daphnide, me laisser avec un grand desir que de me priver de ce contentement, et je vous supplie, mon pere, d’ordonner qu’ils continuent et que nous en voyons la fin.

Le druide alors, se tournant vers Phillis : Ce fut vous, bergere, dit-il, qui fustes la premiere à provoquer Silvandre au combat, il est raisonnable aussi que vous soyez la premiere